Danse à Pôle Sud: (Elle) retient d'Olga de Soto: Le fil tient bien

Sur scène, un fil, assez gros (on ne dit pas corde* sur une scène de théâtre) recouvre le plateau en circonvolutions cérébrales comme une île ou du Land Art. 

Olga de Soto - (Elle) retient Photo: Mila Ros

Et dans le silence, Olga de Soto, seule en scène danse, prend des poses ou plutôt des positions, pendant que doucement, lentement, par un mécanisme discret mais quand même en plein milieu de la scène, cette corde est "aspirée" vers le haut, puis vers la gauche où elle disparait.
Comme disparaît aussi inexorablemnent la mémoire de la grand-mère de la chorégraphe, puis plus tard de sa tante, et comme disparaît la mémoire de la danse, des représentations de certains spectacles - deux en particuliers: "Le Jeune homme et la mort" et "La Table Verte", deux spectacles emblématiques pour Olga de Soto.

"Je pars sur les pas de la danseuse - rien n'est stable..."
Car le spectacle va interroger ce qui reste, ce qu'on retient, ce dont on se souvient, et Olga de Soto va dès lors expliquer sa démarche, un peu sa vie, ses deux enfants, qui jalonnent ce parcours, cette quête de mémoire personnelle, de reconstruction avec l'Histoire avec un grand H, avec ses dates, 23 février 1991, 11 septembre 1973,... ou emblématiques, 8 mai 2012, juin 1946, 2010 ou familiales .... 2002, 2008.
De même, les villes, les trajets, les voyages, les lieux de spectacle, personnels ou des ces deux pièces, ou des interprètes, danseuses et danseurs interrogés sur leur mémoire, sur les souvenirs qu'ils ont retenus de la vie, de la danse, de ces pièces...

Ainsi se tisse, devant nos yeux mais aussi avec nos sens et notre imagination, une reconstruction de cette mémoire, de son sens et du sens de l'histoire. Et Olga de Soto "interroge" les témoins, dialogue avec Edith del Campo, Ann Hutchinson Guest, Renate Pook, Marina Grut, Jacqueline Challet-Haas, Philip Lansdale, Joan Jara, Toer Van Schayk, Fernando García, Juan Allende Blin, Christian Holder, Nora Salvo, Gerd Zacher, Jeanne Brabants, Michelle Nadal, Fernando Beltramí et Hanns Stein. 
L'histoire s'accélère, les souvenirs qui arrivaient dispersés se superposent, Olga dialogue avec ces voix et nomme les interlocuteurs qui nous entourent sur les six hautes-parleurs, en traduit quelques bribes, pour conclure avec Joan Jara, la femme du chanteur chilien assassiné par la Junte, qui se souvient de la Table Verte, ", de Kurt Joos, du procès contre la junte, et de la "partisane" qu'elle interprétait et qu'elle est devenue - et qui lui a fait arrêter la danse et enfin avec Hanns Stein, qui a échappé à Auschwitz et au coup d'état de Pinochet et qui maintenant se tait sur son passé.
Il ne reste plus qu'à essayer de recommencer à danser tandis que du plafond, le sablier marque le temps qui passe.
Et qu'à nous il reste à reconstruire le fil et à trouver les liens.

Olga de Soto - (Elle) retient Photo: lfdd

Olga de Soto - (Elle) retient Photo: lfdd





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